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Les produits dérivés : fonctionnement, risque. Est-ce un bon placement ?

Les produits dérivés : fonctionnement, risque. Est-ce un bon placement ?

Depuis les années 1980, l'utilisation des produits dérivés s'est très nettement développée en France, pour diverses raisons, notamment celle de satisfaire le besoin des investisseurs de limiter au maximum les effets liés au risque de volatilité des taux d'intérêt et des taux de change. Mais alors quels sont ces fameux produits dérivés ? Comment fonctionnent-ils et peuvent-ils être qualifiés de bon placement ? On vous répond.

Qu'est-ce qu'un produit dérivé ?

Un produit dérivé se définit comme un instrument financier qui prend la forme d'un contrat conclu entre deux parties, dont le prix ou la valeur est calculée par rapport à la valeur d'autres actifs ou instruments présents sur le marché, eux-mêmes nommés "actifs sous-jacents". En prenant le rapport à l'inverse, les actifs sous-jacents servent donc de référence aux produits dérivés. Un actif sous-jacent peut être un instrument financier, comme une action, une obligation, une devise, un indice, ou bien d'autres encore ; ou un instrument physique, comme des matières premières agricoles, des matières premières minérales, etc.

Pour mieux comprendre, prenons un exemple d'un produit dérivé sur une action d'une société fictive que nous nommerons ABCD. Voici le contrat conclu :

  • Si l'action ABCD cote au-delà de 400 € avant le 1er janvier prochain, alors le vendeur donne 160 € à l'acheteur. En contrepartie, l'acheteur verse 80 € au vendeur, qui s'appellera la prime du contrat, pour que celui-ci soit égal;
  • Si ce n'est pas le cas, l'acheteur n'obtient rien.

Voici le contrat établi. Ici, l'acheteur débourse 80 € mais peut en gagner le double. S'il s'engage dans ce contrat, il estime qu'il y a de fortes chances pour que la cote de l'action ABCD évolue à la hausse. Cette estimation n'est pas le fruit du hasard, l'acheteur aura étudié et analysé le marché et les valeurs fluctuantes pour dresser une tendance. Si, le temps passant et avant l'échéance du 1er janvier, il juge que la tendance s'inverse, il peut alors décider de revendre le produit dérivé à un autre acheteur. Si le produit est vendu à un prix supérieur à la prime versée initialement, soit 80 €, alors l'acheteur aura réalisé une plus-value.

A l'inverse, le vendeur récupère 80 € qu'il peut réinvestir, mais peut en perdre le double au 1er janvier prochain. Lui aussi, en s'engageant, est convaincu de sa stratégie, par une analyse du marché. Celui-ci ne peut revenir sur son engagement, et devra verser les 160 € si l'action ABCD cote au-delà de 400 € avant le 1er janvier prochain.

Voila dressé par un exemple le principe des produits dérivés, qui sont une forme d'investissement en fonction d'un produit sous-jacent, ici l'action ABCD, et de son évolution.

Les catégories de produits dérivés

Un produit dérivé peut être issus de 4 catégories différentes.

Un contrat à terme de gré à gré (forward)

Le principe du contrat à terme s'oppose au contrat au comptant, où l'échange des titres financiers fait l'objet d'un règlement immédiat. Ici, le prix des titres, des devises et des produits est fixé immédiatement, mais le dénouement des opérations est différé. Le contrat à terme de gré à gré est un contrat d'achat-vente à durée limitée, qui est négocié de gré à gré sur des marchés non réglementés. En clair, une négociation s'opère entre le vendeur et l'acheteur. Par ce contrat, l'acheteur s'engage à acheter l'actif sous-jacent à un prix et à une date future convenus lors du contrat, d'un commun accord. Le vendeur s'engage à respecter les termes exacts du contrat.

Un contrat d'échange (swap)

Ce contrat prévoit que les deux parties, donc l'acheteur et le vendeur, échangent des flux de trésorerie à une date future prédéterminée, sur la base de la valeur de l'actif sous-jacent choisi. C'est une sorte de crédit croisé consenti pour une période fixée dès le départ. La majeure partie des échanges concernent les taux d'intérêt, les devises, les matières premières et les actions. La plupart des swaps sont conclus par des banques.

On recense plusieurs formes de swap, et notamment les plus fréquentes :

  • Les swaps de taux, qui sont notamment utilisés par les entreprises endettées à taux fixe, qui estiment que les taux vont baisser. Elles gagnent donc à échanger un taux fixe contre un taux variable;
  • Les CDS (Credit Default Swaps), qui procurent une assurance contre un défaut potentiel, en contrepartie du versement périodique d'intérêts jusqu'au terme du change. C'est une sorte d'assurance;
  • Les swaps de matières premières, qui permettent de troquer un prix fixe contre un prix variable;
  • Les swaps de devises, qui permettent d'échanger les intérêts et la valeur d'un sous-jacent dans une devise, contre sa valeur dans une autre devise.

Un contrat à terme (future)

Il est similaire au contrat à terme de gré à gré, à la seule différence qu'il est utilisé sur les marchés réglementés, car il n'est pas privé. Il ne concerne donc pas les mêmes actifs, mais le principe est le même. Ces contrats sont moins risqués que les contrats de gré à gré, puisque encadrés sur un marché centralisé, bien qu'ils restent échangés sur des places boursières. Une chambre de compensation est chargée d'assurer la surveillance et la sécurité des positions. En contrepartie, elle collecte un dépôt de garantie dont le montant est réévalué périodiquement selon l'évolution des cours.

Une option

Ici, les investisseurs ont la possibilité d'acheter (option d'achat : call) ou de vendre (option de vente : put) une certaine quantité de l'actif sous-jacent à un prix convenu, dans un délai déterminé. Il existe également les options dites "européennes", dont l'exercice est possible à échéance, et les options dites "américaines", dont l'exercice peut intervenir à tout moment jusqu'à échéance. Le prix de l'option varie en permanence, selon celui du sous-jacent, et selon l'offre et la demande. Son prix est fixé selon sa valeur intrinsèque (valeur immédiate), et selon la valeur temps (probabilité d'évolution, selon le taux d'intérêts, la maturité, la volatilité, etc.). Cette possibilité est convenue avec le vendeur, et est acquise en contrepartie d'une prime pour acquérir ce droit. L'exercice de ce droit n'est nullement obligatoire.

Chacun des contrats précités peut être revendu, à condition que la cession se produise avant le dernier jour de commerce, autrement dit avant son terme. La grande majorité des contrats changent d'ailleurs de main avant leur échéance.

Pourquoi investir sur des produits dérivés ?

Sachez que le premier marché à terme a été inauguré en 1848. Il s'agissait alors du CBOT (Chicago Board of Trade). Ces marchés de contrats à terme ont été créés à l'origine pour permettre aux producteurs de matières agricoles de se couvrir contre les fluctuations des prix. Il a rapidement profité également aux industriels et aux utilisateurs de marchandises. En clair, un producteur agricole pouvait alors vendre par avance sa récolte à un prix convenu d'avance, pour ne pas risquer d'être impacté par une baisse éventuelle des cours. Le risque est en fait transféré à l'investisseur, qui lui-même va acheter la récolte en espérant que le prix du produit dépassera le prix auquel il l'a acquis, dans le but évident de réaliser une plus-value.

Par cet exemple, on comprend les trois objectifs de l'investissement sur des produits dérivés :

  • Réduire l'exposition au risque pour l'investisseur, comme pour le vendeur. Le prix étant convenu à l'avance par le fruit d'une négociation, chacune des parties peut gérer plus facilement les flux, et mieux couvrir son risque;
  • Spéculer, en misant sur l'effet de levier, en espérant évidemment tirer profit d'un mouvement du marché en sa faveur;
  • Répondre à une stratégie de couverture, en limitant les pertes liées à d'autres positions.

En revanche, les produits dérivés sont parfois accusés d’alimenter la volatilité du marché. Par le passé, les spéculateurs ont souvent été tenus pour responsables de la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires, et de causer des fluctuations importantes sur les marchés.

Comment évaluer le rapport risque-rendement sur les produits dérivés ?

Les contrats à terme sont les plus accessibles aux particuliers. Ils donnent accès à un effet levier important, moyennant un dépôt de garantie tout à fait correct, équivalent à environ 10 % de la valeur du contrat. Les intermédiaires, notamment les courtiers, jouent alors le rôle de chambre de compensation en cas de défaut, ce qui apporte une certaine sécurisation.

Toutefois, les produits dérivés restent des placements risqués. Bien que certains d'entre eux le soient plus ou moins, ce type d'investissement reste réservé à des investisseurs avertis, qui doivent être en capacité de cerner l'effet de levier qu'ils peuvent engager, tout en étant pleinement conscient du risque pris en spéculation, les taux pouvant évoluer à la hausse comme à la baisse, et bousculer le schéma préétabli. L'investisseur ne devra pas s'engager sur le terrain des produits dérivés s'il n'est pas prêt à risquer le sacrifice de son épargne, ou s'il ne comprend pas le fonctionnement de ces derniers. Si l'investisseur décide de prendre ce risque, il ne devra y consacrer qu'une petite partie de son épargne, de l'ordre de 5 % au maximum.

Egalement, il ne devra investir dans ces produits que par le biais des sites Internet autorisés en France, après avoir vérifié leur agrément et leur autorisation sur le site REGAFI (Registre des agents financiers). Beaucoup de sites racoleurs et mensongers arnaquent les investisseurs, misant notamment sur la complexité de ces marchés.

Est-ce un bon placement ?

La réponse à cette question est souvent la même : oui, les produits dérivés sont un bon placement, comme tout investissement, à compter du fait de savoir précisément où l'on met les pieds. L'investissement devra correspondra aux objectifs et à la sensibilité au risque de l'investisseur. Les produits dérivés sont des produits spéculatifs de court terme. C'est donc une stratégie d'investissement, qui séduit ou qui ne séduit pas. Elle nécessite du temps et un suivi particulier et aguerri. L'investisseur qui souhaite placer son épargne pour qu'elle fructifie davantage que sur un Livret ne présente absolument pas le profil adéquat pour ce type d'investissement. Le trading est exercé par des experts de la finance et des marchés boursiers.

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